Les enfumoirs : entretien et utilisation
avec l’aimable autorisation de la revue « L’Abeille de France », 5 rue de Copenhague, 75008 PARIS.
Cet article est extrait du n°930 de la revue Abeille de France.
Tous nos remerciements à l’auteur, Pierre Polus, pour son aide à la mise en ligne du texte et des photos.
L’enfumoir de droite est le plus récent. Il est équipé d’une protection contre un contact avec une paroi brûlante et d’une cartouche intérieure amovible rendant l’allumage beaucoup plus facile.
L’enfumoir de gauche est plus ancien. Il peut être très facilement équipé d’une cartouche intérieure formée d’une boîte à conserve dont on aura perforé le fond. Si, au mieux, cette boîte devrait avoir les dimensions internes de l’enfumoir, elle peut cependant être légèrement plus petite sans nuire au bon fonctionnement de l’appareil. N’étant pas en inox, elle finira par se trouer et devra être remplacée au bout d’un certain temps.
L’enfumoir au centre de la photo est plus petit et muni d’un ventilateur mécanique. Il ne sera utilisé que pour une intervention de courte durée. Il est recommandé d’y brûler du tabac, ce qui allonge quelque peu le temps d’utilisation. Attention cependant que le tabac a la propriété d’endormir les abeilles lorsqu’elles sont maintenues dans sa fumée. Une bonne ventilation de la ruche est donc indispensable.
Entretien
Quelque soit le combustible utilisé dans l’enfumoir, il y aura toujours un dépôt de goudrons sur ses parois internes pouvant aller jusqu’à couler à l’extérieur, voire jusqu’à boucher la sortie de la fumée et rendre la fermeture de l’enfumoir difficile.
Le nettoyage de ce dépôt se fait très facilement au moyen d’un brûleur à gaz.
Sous la flamme du brûleur, les goudrons s’allument et brûlent complètement.
Il suffit alors de gratter légèrement les cendres qui se détachent sans difficulté.
Sous l’action de la chaleur, la tôle de l’enfumoir brunit, voire noircit. On peut en atténuer les effets en plongeant la partie métallique de l’enfumoir dans un bain chaud à base de phosphate trisodique. Mais est-ce bien nécessaire ? Peut-être une fois de temps en temps pour rendre à l’enfumoir un peu de son lustre d’antan.
Usage
Dans la chronique du débutant du mois d’octobre, Xavier DEBONGNIE nous a conseillé d’utiliser l’écorce de hêtre comme combustible. C’est, en effet, le meilleur qui soit. Non seulement parce qu’il donne peu de goudron, mais aussi parce que l’enfumoir reste en fonction longtemps sans devoir le recharger.
Dans le choix d’un combustible, il est une qualité qu’il faut absolument rechercher : c’est la durée de la combustion. Trop souvent, avec certains combustibles, l’enfumoir s’éteint en cours de travail. Ceci est dû à un manque d’air dans l’enfumoir ou, tout simplement, parce que tout le combustible est brûlé.
Au moment où vous employez l’enfumoir, grâce au soufflet, vous envoyer de l’air dans l’enfumoir et la combustion est activée. Lorsque vous déposez l’enfumoir, il doit contenir encore suffisamment d’air pour entretenir la combustion et une circulation d’air entre l’entrée et la sortie doit être possible et suffisante. L’étouffement est toujours à craindre lorsqu’on utilise des feuilles et herbes diverses. Elles se tassent facilement et leur combustion est rapide.
Pour obtenir un enfumoir qui brûle longtemps, il faut que la quantité de matière soit la plus importante possible et brûle lentement. Le meilleur combustible est l’écorce de hêtre, à défaut l’écorce de chêne, mais celle-ci donne beaucoup plus de goudron. En remplissant la cartouche de l’enfumoir (diamètre 9,5 cm, hauteur 14 cm) de carton, on a environ 120g de matière à brûler et, bien souvent, avec des feuilles ou des plantes herbacées, c’est encore moins. Avec des écorces, sans tassement, la quantité de matière contenue dans un enfumoir dépasse 300g. Les morceaux d’écorce étant plus compacts que tout autre combustible, ils brûleront plus lentement et l’enfumoir restera fonctionnel pendant très longtemps, c’est-à-dire pendant des heures.
Les écorces sont allumées au moyen d’un brûleur à gaz, à travers du fond perforé de la cartouche.
Lorsque les visites sont terminées, on bouche la sortie de la fumée (touffe d’herbe, petit bouchon de bois). Avant les prochains travaux dans les ruches, on secoue la cartouche et les cendres s’évacuent par les perforations du fond de la cartouche. Les morceaux d’écorce restants s’étant véritablement transformés en charbon de bois, allumer l’enfumoir n’est plus qu’un jeu d’enfant.
Essayez de ne pas être esclave de l’enfumoir. Un petit coup d’enfumoir, au raz des cadres, à l’ouverture de la ruche et un enfumage un peu plus important le long des bords de la ruche au moment de sa fermeture, afin de ne pas écraser des abeilles. Ces deux enfumages devraient être suffisants. La visite proprement dite devrait se faire sans fumée, les abeilles n’en seront que plus calmes. La fumée repousse les abeilles et les dérange, elle ne les calme pas. En soulevant un cadre de la ruche, vous dérangez peu les abeilles. Observez les sur ce cadre, vous en verrez qui s’échangent de la nourriture, qui s’occupent dans les cellules, qui dansent, qui ventilent, vous pourriez voir la reine pondant dans une cellule. Avec un abus de fumée ces observations ne sont plus possibles, les abeilles courant dans tous les sens.
L’enfumage de l’entrée de la ruche au moment de la visite est une habitude à perdre, si c’est votre cas. Il sert, dit-on, pour avertir les abeilles de notre visite. Posez la main sur la ruche et les abeilles sont averties de votre présence. Elles le sont déjà avant, par les gardiennes, par les bruits qu’engendre l’apiculteur. Croyez-vous qu’à l’enfumage de l’entrée de la ruche, les abeilles se disent : « Ah ! Voilà le patron ! Que nous veux-t-il encore celui-là ?»
Le seul résultat de cet enfumage pourrait être une montée de la reine sur la tête des cadres, voire sur le couvre-cadres, avec la conséquence, toujours possible, de sa perte.